20/11/2018
XLIII Cycle de Conférences de la Maison du Brésil
20 novembre 2018 – salle Lucio Costa – 19h30
Un regard sur les manuscrits : dialogues entre la Linguistique Saussurienne et l’Analyse du Discours
Une analyse discursive des cahiers de notes d’intellectuels brésiliens (XIXe-XXe siècle)
Pâmela da Silva ROSIN. Doctorante en Linguistique à l’Université de São Carlos (PPGL – UFSCAR, Brésil) et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (CHR-EHESS, France); boursière à FAPESP – Brésil, dans le cadre d’un stage de recherche (doctorat sandwich).
Présente dans nos pratiques quotidiennes d’écriture et de lecture, la technique de recueils de « phrases » n’est pas exclusivement contemporaine. Tout au long de l’histoire, elle s’est présentée sous différentes formes et désignations consistant dans l’identification, la sélection et le recueil d’un ensemble de phrases organisées en rubriques et dans l’emploi de ces citations dans la composition de textes divers sous la forme de cahiers. Dans le contexte brésilien, sa pratique ont lieu tout d’abord durant la période coloniale et sous la direction des jésuites responsables de l’éducation dans le pays. Si on ne relève aucune mention de son utilisation dans les programmes scolaires ultérieurs, ses échos résonnent dans les cahiers de citations (les cahiers de notes d’intellectuels brésiliens, et sur les sites personnels et les pages web du temps présent). Ainsi, en nous appuyant sur l’histoire de cette technique et sa matérialisation dans l’écriture de cahiers de notes nous nous interrogerons sur leurs usages et appropriations, aussi bien que sur les éventuelles continuités et discontinuités historiques mobilisées dans leur construction. Pour cela, nous recourons à l’articulation théorique-méthodologique entre l’Analyse du Discours, particulièrement aux travaux entrepris par Michel Foucault dans sa phase archéologique, et l’Histoire culturelle de la lecture, notamment à partir des réflexions de Roger Chartier. Notre corpus est composé de cahiers de personnalités publiques brésiliennes, telles que les intellectuels Rui Barbosa (homme politique) et Florestan Fernandes (sociologue), chez qui on cherchera à identifier des similitudes et différences, ainsi que leur façon de se servir de cette technique.
La question sur la paternité du Cours de Linguistique Générale
Micaela Pafume COELHO. Doctorante en Études Linguistiques à l’Universidade Federal de Uberlândia (PPGEL/ILEEL, Brésil) ; professeur à l’Institut Fédéral de Mato Grosso ; boursière CAPES dans le cadre d’un stage de recherche à l’Université Paris 7 – Laboratoire d’Histoire des Théories Linguistiques (doctorat sandwich).
Ferdinand de Saussure est largement connu comme étant l’auteur d’un discours considéré fondateur, dont l’exposant majeur est matérialisé dans le « Cours de Linguistique Générale » (CLG), une œuvre publiée en 1916. Malgré son statut, le contexte derrière l’élaboration du CLG est assez particulier : en s’agissant d’une publication posthume, son texte a été écrit par deux disciples de Saussure – C. Bally et A. Sechehaye – en se basant sur quelques manuscrits laissé par le linguiste et, surtout, sur des notes prises par des étudiants qui étaient présents dans les trois cours de Linguistique Générale que Saussure a donné entre 1907 et 1911 à l’Université de Genève. Les particularités de cette édition ont dirigé les chercheurs sur les réflexions saussuriennes vers des avis différents dans ce qui concerne la paternité du livre : tandis que plusieurs entre eux sont d’accord sur le fait que Saussure soit effectivement son auteur, il y en a qui soutiennent l’argument opposé. Ceux-ci refusent cette attribution et affirment que les idées de Saussure n’existent, dans la réalité, que dans ses manuscrits. Cela dit, dans ce travail, nous démarrons avec une discussion sur le concept de ce qui est un auteur, tel qu’établi par Foucault (1969), dans le but de montrer qu’il est effectivement possible soutenir que Saussure est auteur du CLG, car, d’après l’argument, un auteur n’est pas celui qui produit le texte, mais plutôt une série d’éléments qui caractérise un discours donné.